Saturday, May 25, 2013

Et sans oublier le réconfort des chansons de variété



Dois-je parler de tout ce que je vois, dois-je parler de tout ce que je vis ? Non ! Et puis on ne sait jamais de quoi l’on parle. Mais il faut dire un mot de ce petit Dedienne ! Dedienne fait son « autoportrait » — il insiste beaucoup sur ce mot, mais il a raison : quand le spectacle s’achève, on le connaît. Ce spectacle a son utilité : son sujet, c’est « moi » (du point de vue de Dedienne) et, quand le spectacle s’achève, Dedienne est connu. (D’ailleurs, pour la rime, il commence le spectacle nu.) Sylvestre m’a montré les vues de chez lui, la double vue. Il habite le 26ième étage d’une des rares tours à Paris, porte de La Chapelle. Nous sommes presque voisins. Nous nous verrons au marché. Je tournerai un film pornographique devant ses baies vitrées. Mais je parlais de Dedienne. Bon, le spectacle est géant, mais il n’a eu lieu qu’une fois. Soirée unique, c’est un titre de spectacle. C’est un stand up, mais si rôdé que j’ai cru qu’il s’était déjà joué beaucoup. (Il est vrai que Dedienne l’a commencé à 8 ans — des traces vidéo en témoignent.) J’ai noté quelques saillies au vol : « Le plus dur dans ce métier, c’est de durer. Et pour durer, y a une chose qu’il faut pas oublier. » (Et il marque qu’il l’a oubliée.) Titre de spectacle : Et sans oublier le réconfort des chansons de variété. Titre de spectacle : Un truc incroyable. « Je vais sonner à l’Olympia, pas à Pôle Emploi. » « J’avais rendez-vous aux éditions de Minuit, je suis arrivé à moins le quart : c’était fermé. » Au début du spectacle, une voix enregistrée dit : « Mesdames, Messieurs, pour le confort de l’artiste, nous rappelons qu’il est indispensable. » (Même effet qu’avec l’oubli.) « On fait pas de noir. Si les gens veulent un noir, ils ferment les yeux. » Ça fait toujours plaisir d’avoir des amis qui savent faire qqch. On se dit : celui-là pourra avoir une maison en Corse et nous invitera. On se dit ça de Dedienne qui traverse sa vie comme s’il la faisait. Comme s’il la faisait naître. A la fin, la salle est debout, mais on est tous ses amis. Soirée « unique », je vous dis. « Vous risquez simplement de rigoler un petit peu, ça n’ira pas plus loin... », nous avertit  Dieu (alias Vincent Dedienne). « Une Vogue par jour, à l’aube, avec du café noir. » Sans oublier la phrase d’auteur. Elle est de Louis-Ferdinand Céline : « C’est peut-être ça qu’on recherche à travers toute sa vie : le plus grand chagrin possible pour être soi-même avant de mourir. » Car seul bémol : ça va plus loin.

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Et dans la vie ? Qui sait ?


« Et dans la vie ? Qui sait ? Il s’est affiché avec des filles, les rumeurs de ses amours masculines ont circulé. Il n’a jamais nié comme tant d’autres, s’est juste amusé de l’affolement. Car, au fond, peu importe, « James Franco », l’animal public, n’est ni gay ni hétéro. Comme sa filmographie, il est simplement queer, brouille toute question de genre, en adéquation avec le pot-pourri identitaire de l’époque. Les acteurs sont des séducteurs. »

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« La peinture est pour une bonne part une question de chance »



























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A la merci des oiseaux noirs



Si je commençais à écrire ? 
Ça avait commencé par 2 arbres. 2 arbres que l’on avait remarqués par leur couleur bleue. Il y avait même 2 nuances différentes dans l’arbre le plus bas dont le nom avait été prononcé par qq’un qui était parti et n’avait laissé aucun souvenir à ceux qui étaient restés. L’arbre le plus haut était un paulownia.
Et ça avait fini par Rose Ausländer, la lecture du livre acheté et avec moi dans le train.
Entretemps... Entretemps, ça restait à raconter.



Fortsetzung

Die wir uns
fortsetzen
durch Liebe

Wir geben uns hin
dem Tod
und nehmen uns
das Leben

von Baum
der
Erkenntnis



Les poèmes de Rose Ausländer étaient tous courts, mais j’avais acheté le livre — bien que mes moyens ne me le permettaient pas — parce que le vendeur avait dit qu’il fermait sa librairie pour aller déjeuner et que tous étaient beaux, les poèmes, et étaient exactement ce dont il était question.
Ecrire est agréable, en un sens, ce n’est pas difficile, ça te laisse la place de prendre le temps avant d’écrire vraiment
C’est comme peindre (salut, Thomas Lévy-Lasne !)
Dans l’appartement où je m’étais retrouvé de manière inattendue, avec des personnages inattendus — et moi-même, qui m’attendait ? —, j’avais trouvé la clé en ouvrant un ouvrage sur la peinture de Lucian Freud.
Nous étions donc dans une toile de Lucian Freud.
C’était cela, la matrix.
A partir de là, tout était possible ; les dés étaient jetés.
...
Au matin, dans la nuit du jour transformé, la peinture m’offrait encore sa splendeur. Et dans le train. Sa « vision ». 
C’était incroyable comme la beauté d’un homme était inégalable — ou d’une femme — et de n’importes lesquels —, si profonde, si  traversable, ce volume. Les peintres montrent la beauté des traits et l’harmonie des traits de n’importe quelle incarnation. Surtout Lucian Freud. C’est le fait de l’incarnation qui est sexy. C’était cette splendeur dans le tunnel du train à laquelle je m’abandonnais. Le tunnel du train traversant le tunnel de la nature comme sous verre, « pour ainsi dire sous verre », comme disait Marcel Proust. Le tunnel de la verdure. Il faisait beau après cet hiver infini — et frais et de bonne augure. Et William avait dit : « Merci Yves de nous avoir apporté le Noël ». Ce qui avait fait rire Elie. Ces 2-là étaient si confus, si perdus, si vivants, si doux et mélancoliques — qu’est-ce que Dieu leur avait fait ? (leur avait fait croire). Ils étaient, ils étaient...
Ne restait plus maintenant pour en parler que Rose Ausländer — et pour parler de moi.



Das Erbe II

Es ist an der Zeit
das Erbe zu verteilen

nimm
den sterblichen
Apfel
und
das unsterbliche
Wort



C’est drôle, un grand poète, de comprendre ce que c’est, un grand poète (un immense poète). Ça tient en un mot  — ou 2 —. Parce qu’elle écrit un recueil de poème qu’elle intitule Blinder Sommer, Eté aveugle.
Ou encore : 

Blumen Maschinen Menschen
ein unaufhaltsamer Brei

fleurs machines hommes
en bouillie irrémédiable



Die Zeit III

Mit zahllosen Händen
greift die Zeit
nach dem
Geflimmer aus
Blumen und Tropfen
nach Hitze und Eis
nach Menschen
auf der Flucht
vor dem Nichts


A un moment, William avait éteint toutes les lumières. Il y avait, par la baie vitrée, un merveilleux bleu de lune. Mais Elie avait demandé qu’il laisse — à peine — un peu de chaud, par le gradateur. « Pleine lune », prononçait-il — et je ne pouvais vérifier.



Seule l’ombre
est restée
quand la lumière
s’est perdue

Dans l’obscurité 
le rêve est 
plus clair



Oui, l’effacement et le recouvrement de la réalité l’un l’autre par le rêve.
Parce que :

Dans les rêves
se récolte le réel

Oui, à un moment, ce moment précis — bien connu, mais si rare, finalement : après — s’était lue la nostalgie. Et le regret. Et le remord. Et la souffrance de n’avoir pas donné selon les espérances qui étaient là pourtant tout près comme de l’autre côté de la mort. 
Au lieu de cela, comme disait même Agnès Gillot dans le supplément du « Monde », ma vie avait été un « couvent », l’opéra d’un couvent.
Me restait à devenir peintre, à l’infini devenir peintre et mémoriser cela. La peinture délectable et détestable, avait les moyens de l’incarnation.
A 15h10, on arrivait en gare de « Paris Nord ». 
Paris Nord, la maison, la stagnation. La déception.

De A à B
c’est un chemin sans fin

Oui, les 3 femmes l’avaient montré : il ne fallait pas avoir peur de l’incarnation. 

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Blumen



Florent Ruppert.


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De la montagne et de l'eau


Je tiens à signaler — parce que, moi, j’aimerais le savoir — qu’il y a des Caspar David Friedrich, en ce moment, à Paris. C’est à l’exposition De l’Allemagne, au Louvre — moi, c’est Thomas Lévy-Lasne qui me l’a fait visiter (excusez du peu...) Thomas m’avait entendu à la radio, dans l’émission d’Aurélie Charon, parler de la montagne — ou plutôt dire que j’aimais la montagne (excusez du peu...) — et donc, c’est vrai, il y a dans cette exposition de très beaux tableaux sur la montagne par Caspar David Friedrich, inoubliables et bouleversants. Aussi Arnold Böcklin, pour l’eau... « Clos ton œil physique afin de voir d’abord avec ton œil de l’esprit. Ensuite fais monter au jour ce que tu as vu dans ta nuit. »

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Autoportrait en Inde




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Mathéo, 

J’ai lu ta lettre avec appréhension. J'ai attendu que surgisse la restriction. Mais tu avais l'air gentil sur ce coup. Elle est quand même venu avec cette histoire de « zizi ». Bon, je me suis dit, ça peut encore passer. Because je voudrais évoluer aussi dans mon savoir. Tout ce que je sais jusqu'à présent, c'est que les pédés ont horreur — hor-reur — que je leur touche leur zizi ou que je leur parle de leur zizi. C'est l'horreur. Et si je leur foutais la paix ? aux pédés — que je me dis... Bien que je me dise toujours aussi que je peux peut-être tomber sur un — une exception ! — un pédé qui serait cool avec le sexe. Mais, non ! C'est sérieux avec le sexe, les pédés, c'est domaine sacré — la « zone », comme disait Claude Régy (la zone où il ne veut pas aller voir ce qui se passe). Mais, au moins, tu ne me m'interdis pas de la mettre sur mon blog, ta lettre, c'est déjà ça, je vois ta bonne volonté (faire un effort, eau dans le vin). Le blog, tu ne sais pas ce que c'est. Idéalement, c'est lu par zéro personne. C'est moi, le blog. C'est le revécu que j'arrive pas trop, pour le moment, à vivre dans l'immédiat (sauf quand je travaille — comme te l'a fait remarquer Romain — mais je travaille si rarement). C’est un journal intime, c’est tout. Vaut mieux plutôt que rien. Sinon j'oublie. Il faut d'ailleurs que j'arrive très vite à le sauvegarder car j'ai peur que ça disparaisse (alors, là, je n'aurais vraiment rien sauvé de la mort). En ce moment, je frise la fascination du vide, l'esthétisation du vide. Heureusement, toi, tu as du punch et tu vas sauver tout le monde, Pauline, Justine, Juliette et tutti quanti. Bien sûr, je poste nos lettres, Musset et George Sand le faisaient, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas. Hervé Guibert et Eugène Sazitzkaya le faisaient, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas. Ce qui est vécu est déjà vécu. Et nous avons une tâche plus importante devant nous !
Hubert ne m'a pas encore répondu, mais je vais le rappeler. Oui, de lui écrire aussi, toi. Y a ce truc de la fondation Hermès, il faut que je m'y mette. La directrice m'a répondu : 

Bonjour,

Je connais (peu) Théo Mercier, mais je suis à Séoul où j'ai encore vu hier une de ses sculptures dans une exposition. J'ai également assisté à l'un de vos spectacles, peut-être 2, à Vanves, je crois. Toujours est-il que ce type de collaboration correspond à un de nos axes de soutien. Je vous invite à aller sur notre site et prendre connaissance du programme « New Settings ». Je vous invite ensuite à prendre contact avec Blandine Buxtorf-D'Oria qui le chef de projet en charge des arts de la scène : 01 40 17 46 43. Elle est en copie du mail.

Bien à vous,
Catherine Tsekenis

PS : je pense à toi en ce moment parce que je regarde les Guignols à la télé (c'est par période) et, en ce moment, il y a un running gag : la marionnette de Marion Cotillard  dit toujours : « C'est une belle personne ». C'est toi qui avais employé la première fois pour moi cette expression : « Je pensais que tu étais une belle personne... » ou une « plus belle personne ». Ça me fait beaucoup rire... (dans ma solitude... — je n'ai pas dit « zizi »).
PS 2 : pas répondu à tout ce que tu dis, mais je suis d'accord. Oui, prendre contact tout de suite avec l'ONDA et, si tu peux m'avoir un rendez-vous prochain, fais-le, j'irai. Je suis en phase d'y croire (enfin, de croire que mes journées ne sont pas foutues quand je rencontre des programmateurs et des décideurs culturels, yes !) 

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Titre de spectacle


Il n’y a plus de bout, il n’y a plus de rouleau

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