Saturday, October 04, 2014

L e Misanthrope


« Je suis raciste. Seulement pas comme vous autres, Blancs ou Noirs. Je suis raciste parce que toute votre putain d’espèce humaine me sort depuis longtemps par le derrière, que vous soyez jaunes, verts, bleus, ou chocolat. Il y a 30 ans que j‘ai choisi les bêtes. »

(Jouer Dieu)

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E stelle, une beauté


Estelle Chabrolin

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1 er Avril, encore (un texte très durassien)


Enfance de l’art : projection et jeu (1er Avril)
Au début je me suis assise à la place indiquée, sans voisins encore. Un jeune homme en costume va et vient tranquille avec quelques coupes de champagne qu’il distribue au hasard. Il entre par un côté, l’air fier suscité par les visages tendus vers lui et prêt pour la sélection. Il balaye la salle de son regard en marchant et s’arrête devant l’un ou l’autre avec un sourire courtois et bien adressé, il tend un verre puis ressort par une des allées. Il revient les mains pleines. Je suis assise près d’une rambarde, troisième rang ? Il me voit c’est certain, au début nous ne sommes pas encore nombreux. Je n’ai aucune idée de la couleur du fond sur lequel il me voit. Ce que je regarde n’est pas encore avec mon regard, mais il est taillé par son œil à lui qui distribue les bulles jaunes : le champagne comme espoir de liberté. J’espère : avoir une coupe : pourquoi pas moi ? Je crois : Avec une coupe, je serai tranquille, libre de son œil que, malgré moi, je guette. Libre alors de voir pour moi, de voir par mon regard, d’y être. J’espère avoir son œil, la coupe, c’est pareil. Boire son œil dans le champagne pour qu’il me centre : intérioriser son regard comme son regard, ne plus le confondre, mais savoir qu’il est une possibilité en moi : l’abandonner à loisir : ne plus être sujette. Champagne pour soi. 
Les murs sont silencieux. Il y a du silence entre les gens quand ils arrivent dans la salle malgré leurs paroles ; ils sont visibles un à un malgré le bruit qu’ils font. Les murs sont fanés comme un vieux tissu passé.
Le lieu est vide entre nous. C’est vide, apaisé, grand et doux.
Une dame assise au centre, blonde et grande (j’imagine). Très belle, elle attend. Très blonde. C’est curieux, son sourire !
Puis, au proscénium, grand et mince dans un pyjama noir à paillette et un grand châle en laine blanche, il est à la maison. Je le regarde nous parler de la démocratie dans un sourire : « Je suis un bobo, je prends des Vélib', mais il n’y avait plus de Vélib' à la station La Chapelle... » Je m’en rappelle comme d’une chanson : « Ils ne votent pas, sur les quais du métro La Chapelle, personne ne vote — les étudiants non plus… »
On applaudit.
Et l’épais noir arrive. Il arrive de tous les cotés, il nous aspire.
Je respire enfin. Je ferme les yeux.
Il n’y a plus rien à voir. Je respire la profondeur de ce noir que je sens, il arrive de tous les cotés parce qu’il n’y a pas de rideaux.
Les muscles se relâchent, eux aussi ils respirent, prennent l’air. Il n’y a plus de séparation à sentir entre ce que je vois et ce que je sens, c’est noir, c’est possible.
Je suis l’écran. Je suis une grande profondeur, un grand noir où respirer et un chant, 2 chants, dans la gouttière et par le dedans, elle arrive depuis nous, il arrive du fond, ce demi globe, et rase les murs.
J’ouvre les yeux et ce sont ces chants. Lui dans un habit de moine, un lourd drap de grosse toile brune et une capuche ; elle, sublime robe rouge, elle, suave, sensuelle et lointaine. Je ne peux pas la toucher et pourtant je sens la douceur de sa peau, les petits poils duveteux entre le bas de ses lobes d’oreille et ses joues, l’épaisseur un peu sèche de ses cheveux que je tiens que j’ai envie d’agripper.
Je la touche, je la reçois sur ma peau, je suis cet écran en vérité sur lequel elle s’imprime, puis, lui, robe de bure, ils s’impriment.
Je ne sais pas dans quelle couleur je suis, je ne me souviens plus. Est-ce que je suis encore dans le noir ? Tout contre moi la rugosité du drap de cet homme qui la fait un peu danser, et, elle, le velouté tendre de ses bras et du bas de son cou. Ses yeux sont un peu bas plaintifs et forts ils supportent la lumière. Ils sont bleus !
A lui, on ne voit pas son visage ; sa voix mezzo pas très loin de la sienne à elle. Parfois, on ne sait plus qui chante ; ils s’enroulent et leurs voix se mélangent ou s’inversent ou s’échangent.

Je suis ce noir d’écran en vérité. Ce noir d’écran total qui tout absorbe.
Je suis cette tête absente sur l’image qui se fond dans le noir du fond, ce noir en vérité. Ecran total marié au soleil, cette femme à la veste rouge de toréador. Sans moi, noir total, elle ne brillerait pas tant.
Je t’aime.
Dans ton chant j’existe sans ton chant ; il n’y a pas de spectacle et l’écran est mort. Je ne serais pas là, je ne serais pas venue. Moi, l’écran. Je projette par devers moi.
Ta mélodie d’amour et de lumière. Je suis intégralement collée comme peinture à la toile : une grande flaque de nécessité de toi.
Je ne me souviens plus de ton chant. Il n’y a pas de paroles qui tiennent. Mais je t’ai, en vérité. Toute entière, tu ne le sais pas tu es déjà ailleurs, le spectacle est fini, tu chantes pour d’autres peut-être et je m’en fous, je t’aime.
A qui tu chantes ? pfff — les autres aussi t’entendaient pendant le spectacle mais je m’en foutais déjà je n’y pensais pas — je suis l’écran.
Je ne plaisante pas, je suis très sérieuse, premier degré. Je te prends toute entière, je t’absorbe, toi, la lumière, toi que tout le monde regarde, qui fascine tout le monde. Je n’ai pas ta mémoire, mais j’ai toute la mémoire ; je me souviens de tout ce que je veux, seulement ce que je veux et quand je le décide.

Je suis l’écran noir toute la vérité possible, tout mon amour.

Et l’enfant apparaît face à sa mère qui ne l’a pas encore mis au monde, il joue avec son voile transparent, petite icône. Il est né tout seul, il n’aurait pas dû se moquer de la veste de toréador de la femme — il ne voulait peut-être pas naître de l’amour d’un taureau (toutes ces histoires). Nu sous son voile, il s’est déshabillé, elle réapparait alors, vierge blanche et ventre rond. Lui recule, avalé par le demi globe du fond, comme son père, se fondent dans les murs rougis noirs. Elle retire de son ventre le voile de sa naissance, s’en coiffe, sainte mère d’un petit homme moqueur, rebelle et disparu pour l’instant. Fils et filles de l’image sacrée, communion plate et chantée.



Je ne suis jamais sortie de là, je serai toujours dans cette histoire, il n’y a rien à prévoir hors de moi. Ecran total pour la lumière, j’absorbe tout à la lumière comme tous les tournesols. Je n’assimile rien, je ne digère rien, je ne me pose pas la question. Ça n’est pas ma question. Je suis écran.

 […]

Epilogue 
Toujours bien crier quand on aime.

(Juliette Riedler)

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A ntoine


Antoine Trucchi

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« Es un hombre lleno de compasión, un tipo normal, un simple taxista que quería hacer el bien »

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A veces en las tardes


« A veces en las tardes una cara
Nos mira desde el fondo de un espejo;
El arte debe ser como ese espejo
Que nos revela nuestra propia cara. »

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Como todos los hombres, j’ai été aux courses ce matin, j’ai repris du chou kale (grosse tendance archi méritée sur le chou kale), des haricots verts, des figues noires, j’ai pris des figues de Barbarie (après m’avoir mis plein les pattes de leurs petites aiguilles invisibles), des grenades, des poires (qu’il faut faire murir en les laissant dans le papier en présence d’une pomme), j’ai repris des avocats, j’ai pris du persil, de la coriandre, j’ai repris des épinards, j’ai pris du raisin chasselas, une cuisse de dinde, un pavé de saumon, du foie de poulet (sublime, je suis en train), j’ai repris des pousses de poireaux, repris du pain au lupin et aux olives, pris du pain au sarrasin et au chanvre et de la mâche...

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