Sunday, March 20, 2016

C ontre Isabelle Huppert


« Il n’y a pas de différence entre les hommes politiques […] et le jeu imposé aux comédiens. Quand un acteur joue, il est en représentation. Acteurs et hommes politiques sont délégués, ils ne sont plus eux-mêmes. Ils vendent leur marchandise. Un bon acteur est celui qui vend le mieux. Le cinéma et la télé, c’est pareil. Tout ça relève du spectacle… Il y a le même hiatus, j’allais dire le même mensonge, et dans la représentation politique et dans la représentation cinématographique commerciale. Parler au nom d’un pouvoir établi, ou au nom d’un pouvoir à venir, c’est identique… Ils détiennent tous la solution idéale, ils sont les sauveurs, les détenteurs parfaits de ce que j’appelle la solution politique. Tous parlent à partir du pouvoir. […] On n’en peut plus. »

Labels:

« Nous lisons très rarement, nous n’avons pas besoin de l’impulsion de l’imprimé pour penser. Nous lisons très rarement mais nous lisons lentement plein d’arrière-pensées et plein de portes ouvertes. »

Labels:

Ce serait un peu la folie, Sevilla, tous les trains sont complets et les hôtels j’ai bien peur… mais il paraît que c’est la Semana santa de Sevilla qui est la plus…, celle qu’il faut voir à tout prix — je vais essayer d’y aller, même en blablacar. Dans le genre, la fête que j’ai vécue hier et avant-hier à Valencia (les Fallas) est proprement irracontable. Un oxymore. La guerre et pourtant tout le monde est content. Irracontable. Si, une chose sublimissime, vendredi soir, qui m’a fait pleurer. Le défilé dans toute la ville et pendant des heures de centaines de femmes dans les plus belles robes que j’ai jamais vues de ma vie (Visconti et Saint Laurent sont des petits joueurs). Dans des robes aussi sublimes n’importe quelle disgracieuse serait irrésistible — et imagine bien qu’elles ne le sont pas… Et les mères aussi dans des robes aussi, les mantilles, les fillettes, les hommes, émouvants, sérieux... Beaucoup d’émotion… Le temps passé, l’Espagne, dans sa grâce enfin compréhensible…
Bonne nuit, 
Yvno

Labels:

O rina, esputos, sangre



Labels:

La fête entoure l’hôtel au centre de la ville, comme une manifestation. On ne peut pas sortir de l’hôtel. La ville est en guerre, mais c’est la fête, l’énorme bruit des pétards ne fait peur à personne. On ne voit rien de ce qu’il faut voir, la foule est énorme, impossible de se déplacer. Ce soir, on va mettre le feu à tout ça. 

Labels:

G aël


Cher Denis, voudrais-tu embrasser pour moi Krzysztof et lui transmettre toute ma tendresse, à notre cher génie. Je viens de l'écouter parler à Laure Adler de sa belle voix française (un enregistrement ancien) et il m'a beaucoup ému, raconter sa jeunesse, la lecture de Proust... Je suis en Espagne en ce moment — j'aime beaucoup l'Espagne — et je ne verrai donc pas le nouveau spectacle. C'est peut-être mieux parce qu'en général je ne supporte pas bien Isabelle Huppert, une faiblesse que j'ai, je trouve qu'elle ne me parle jamais que d'une seule chose : de pouvoir et d'argent — même avec Krzysztof, même avec Régy — qui est sans doute la chose qui m'intéresse le moins dans la vie. En revanche, je porte aux nues Gaël ! et je regrette amèrement de ne pouvoir le bouffer du regard... Et puis, notre Krzysztof, je l’aime vraiment. Toi aussi, d'ailleurs. Je t'embrasse

Labels:

A fiebrado



Labels:

L e Biberon


« Il s'est endormi dans mes bras... Il s'accrochait encore à son biberon presque fini. Il sursautait dès que je faisais le geste de le lui retirer. Ses mains lâchaient prise petit à petit pourtant. Elles venaient au bord de mes doigts gigantesques, démesurés, pour les frôler, les caresser. Ses paupières tombaient, lourdes, et je sentais tout le poids de son corps abandonné sur moi. Alors, j'écoutais ses soupirs de respiration chuchotante, je m'enivrais de son odeur sucrée, je me remplissais de cet indéfinissable bonheur, dans la lumière pâle et bleutée de sa chambre habitée de fleurs et d'animaux doux. Je me suis levé avec lui lové contre mon épaule. Je me suis penché sur son lit et l'ai couché. C'était comme un bouquet de branches en bourgeons que je déposais sur un tapis de mousse. »

Labels: