@Isabelle qui me dit qqch
de gentil (comme toujours) : voilà une chose que dit Michel Houllebecq dans ce
livre (et je suis d’accord) : « un auteur c'est avant tout un être humain, présent
dans ses livres, qu'il écrive très bien ou très mal en définitive importe peu,
l'essentiel est qu'il écrive et qu'il soit, effectivement, présent dans ses
livres ». Et il ajoute — car, en fait, c’est si difficile d’être « présent » —, il ajoute : «
il est étrange qu'une condition si simple, en apparence si peu discriminante,
le soit en réalité tellement, et que ce fait évident, aisément observable, ait été
si peu exploité par les philosophes de diverses obédiences : parce que les êtres
humains possèdent en principe, à défaut de qualité, une même quantité d'être,
ils sont tous en principe à peu près également présents ; ce n'est pourtant
pas l'impression qu'ils donnent, à quelques siècles de distance, et trop
souvent on voit s'effilocher, au fil de pages qu'on sent dictées par l'esprit
du temps davantage que par une individualité propre, un être incertain, de plus
en plus fantomatique et anonyme ». Michel Houellebecq est immense pas à cause
de telle ou telle qualité (des qualités certes indéniables), mais seulement
parce qu’il est présent et que, quand on lit ce qu’il a écrit, on parle
avec lui. C’est une conversation profonde avec un ami, plus profonde même qu’avec
un ami. C’est seulement cela qui fait sa différence : sa présence. Il ne triche pas avec sa présence, il est effectivement présent dans tous ses livres et par ici.
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