Tuesday, May 10, 2011

Schlachtensee

(lac des batailles)


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« Schopenhauer a écrit que, dans notre vie, rien n’est involontaire. »

Voilà que je rêve, moi aussi. Simon a raconté (sur le mode, au début, des récits d’Eric Didry, mode que j’ai dévié, bien entendu) un rêve mettant en scène du théâtre, lui avec moi, château brillant, reine, etc. Et voilà que je rêve, moi aussi, de théâtre (concert avec Balibar). Si un jour nous n’avons vraiment plus de travail, nous pourrons le rêver – est-ce que ce sera si différent ? Jorge Luis Borges dit que le rêve est sans doute la première forme esthétique, qu’il n’y a pas de différence de nature entre le rêve et la création littéraire. Marguerite Duras disait que le mot qu’elle détestait le plus dans la langue française était le mot « rêve », qu’elle, elle ne rêvait pas, elle écrivait. Mais écrivait-elle qu’elle ne rêvait pas ou ne rêvait-elle pas qu’elle écrivait ? Edgar Poe décrit Le Masque de la Mort Rouge (la mer Rouge ?) (la mère bouge ?). Laurent Chétouane dit que l’inconscient, c’est ce qu’il y a entre. Je dis, moi, cette phrase toute simple : le sens ne peut se dire que ensemble. « Pourquoi ne reposes-tu pas auprès de moi plutôt que de laisser reposer les choses ? » « O, mon écriture, pardonne-moi… » « Image locale qui en montre toujours une autre sur les affiches » « Recherche d’une toute autre qui ne serait finalement personne d’autre que moi », dit Elfriede Jelinek. Nathan et Duncan et Karine sont partis nus dans le lac d’été et de mort et de printemps de la vie (L’Eveil). Ils ont remarqué qu’ils pouvaient peut-être jouer Jules et Jim comme Philippe et Felix avec Balibar. « Mais, je ne ressemble pas à Jeanne Balibar, moi... » Alors Nathan, de tout son instinct, a répondu : « Non, toi, c'est Karine Beaux-nibards ! »

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The Recorded Voice Of Virginia Woolf

(Cliquer sur le titre.)

« Words, English words, are full of echoes, memories, associations, naturally. They’ve been out and about on people’s lips — in the houses, in the streets, in the fields, for so many centuries. And that is one of the chief difficulties in writing them today. They’re stored with other meanings, with other memories, and they have contracted so many famous marriages in the past... »

L'Effet d'un texte

Stéphane, Pierre, si vous pouvez jeter un œil et me dire l'effet de ce texte (de Stéphane Bouquet) (page 18), je dois donner le BAT.
Ça pousse un peu sur le « délire » : j'ai l'impression de faire des choses plutôt sages, mais, bon, il faut bien faire venir les gens. Toute l'action, de toute façon, est de déjouer le malentendu – à partir d'un personnage, c'est vrai – « On a tous un inconscient », comme m'a dit l'autre soir Christophe Wavelet quand je lui disais que j'aurais voulu – dès le début – changer de nom à chaque spectacle, mais que je n'y étais pas arrivé –.
La photo est belle, mais ancienne et je ne l'ai plus en bonne définition. Il s'agit maintenant de traverser le miroir...

Bises, Berlin is great, aujourd'hui on va au lac (plutôt qu'au mémorial de la Persécution, mais c’est à côté...)

YN







Acteur de génie, Yves-Noël Genod propose avec L’Ombre blonde un spectacle qui ne trouvera sa forme que le jour de la première.

Le spectacle s’appellera peut-être L’Ombre blonde, ou bien autre chose : De la danse sinon rien !, par exemple. Ce sera un solo, ou peut-être pas. Il est presque certain qu’Yves-Noël Genod, artiste solaire, chantera / dansera / se lancera dans des dérives ébouriffantes de comique et de tristesse. Mais on peut aussi avoir des surprises. Pour comprendre comment travaille Yves-Noël Genod, il faudrait raconter cette anecdote dont il raffole : Coco Chanel, après quelques ennuis à la Libération, revient enfin à la couture. Un journaliste lui demande ce que sera sa collection. Et elle de répondre : « Comment voulez-vous que je le sache, je fais mes robes sur les mannequins ! ». C’est un peu l’attitude de Genod : créer sur le motif, selon l’humeur du moment. Un vieux mot grec dit bien le fond de l’esthétique de l’artiste : le kairos, l’occasion, le bon moment. Voir où on en est, à l’instant « t », dans le flux de la vie, et inventer à partir de là. Et donc, il n’y a pas de ligne générale dans les spectacles de Genod : « Les systèmes s’inventent pour chaque pièce (ou presque). À Avignon, un texte servait de fil rouge et je digressais à partir de là, je racontais ma vie, et Duras, et truc et machin. » Au Théâtre de la Cité, peut-être qu’il racontera sa vie, mais ce qu’il raconte, et comment, ça dépend de l’endroit, de dehors, du contexte, du temps qu’il fait, du texte, de tellement de choses. Comment Genod se sert-il des textes qu’il utilise ? En picorant, en cherchant la phrase ou le paragraphe qui va. Ainsi, si on lui demande quels sont les cinq mots qui orientent son esthétique, il ouvre naturellement le livre qu’il a avec lui, les Œuvres complètes de Rimbaud, et dit : « ami, courage, merde, saisons… bon, et il en manque un… » Ce manque, c’est exactement ce qu’il comble à coup de virtuoses et délirantes improvisations. « Enfin, je fais croire que j’improvise. »

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